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Une visite au Musée Yves Saint Laurent à Paris

Article publié sur Fionaway le 13 juin 2018.

Entrons un instant au 5 avenue Marceau… 

On croirait y entendre encore le crayon gratter la feuille, les ciseaux découper les étoffes, les machines à coudre piquer continuellement, des voix qui tantôt s’affolent tantôt s’exaltent. Et on croirait surtout y entendre encore sa voix à lui, mal assurée et timide, superviser toute cette activité. C’est comme s’il était toujours présent. Comme si son âme ne quitterait jamais cet endroit. 

C’est dans cet hôtel particulier qu’Yves Saint Laurent décide d’installer sa maison de couture le 14 juillet 1974. Elle y restera jusqu’en 2002, date à laquelle le couturier décide de faire ses adieux au milieu de la mode. À partir de ce moment, le lieu servira à la conservation du patrimoine Yves Saint Laurent avec la création de la Fondation Pierre Bergé dans un premier temps puis avec l’ouverture de ce musée en octobre 2017. L’hôtel particulier devient alors un lieu de célébration du travail artistique de Monsieur Saint Laurent. 

C’est en parcourant les différentes pièces de l’ancienne maison de couture que l’on peut ainsi découvrir les temps forts et les créations les plus considérables de la carrière d’Yves Saint Laurent. La visite débute par les salons Haute Couture. Autrefois utilisés pour les essayages des clientes ainsi que les défilés, ils servent aujourd’hui à l’organisation d’expositions temporaires.

Les sections suivantes permettent d’en apprendre plus sur les principales sources d’inspiration du couturier, sources d’inspiration qui vont forger le fameux style Saint Laurent. Il a principalement utilisé des éléments de la garde-robe masculine pour participer à l’émancipation de la femme en combinant confort et élégance, créant alors une silhouette féminine et assurée. C’est dans cette perspective qu’il imagina le mythique smoking pour femme ainsi que la saharienne ou encore le caban. Amoureux de voyages (imaginaires, pour la plupart, à travers ses nombreuses lectures ou objets d’art), il conçoit des vêtements inspirés du Maroc, d’Afrique, de Russie, d’Espagne, d’Asie, … Durant sa carrière, il a également parcouru l’histoire de la mode en créant des toges antiques mais aussi des robes qui semblent tout droit sorties du Moyen-Age, de la Renaissance, de Versailles ou encore des Années Folles. 

En parallèle de la découverte des créations et inspirations d’Yves Saint Laurent, le musée met en avant le processus créatif d’une collection. Le visiteur peut ainsi observer le travail réalisé en amont d’un défilé. Des planches de collections sont exposées. On peut donc voir les croquis réalisés par le couturier ainsi que les tissus qu’il imagine pour chacun de ses looks. Une salle du musée permet de découvrir les coulisses de la maison de couture à travers des vidéos qui mettent en scène les différentes étapes de l’élaboration d’une collection. C’est particulièrement intéressant car cela permet de constater le travail acharné que cela demande et toutes les personnes qui sont mobilisées pour créer aux côtés du couturier. Le moment fort du musée est sans hésiter la visite du studio, le lieu de travail principal d’Yves Saint Laurent. On y sent encore l’atmosphère particulière dont le couturier aimait s’entourer pour travailler. 

La visite se clôt sur « les fantômes esthétiques » de Saint Laurent. Picasso, Matisse, Mondrian, … ont été tant d’artistes à avoir inspiré le couturier. Plus qu’une inspiration, il les a réinterprétés, transformant un tableau, une musique, un livre, en robe, en veste, en pantalon, … Et, en 2002, lorsqu’il fait ses adieux à la haute couture, il ne quitte ces fantômes esthétiques que pour en devenir un, lui aussi. 

J’ai choisi aujourd’hui de dire adieu à ce métier que j’ai tant aimé. C’est aussi à ces fantômes esthétiques que je dis adieu. Je les connais depuis mon enfance et c’est pour les retrouver que j‘ai choisi ce merveilleux métier. Grâce à eux, j’ai réuni autour de moi une famille qui m’a tant aidé, protégé, aimé. Cette famille est la mienne et on imagine que ce n’est pas sans déchirement que je la quitte car je sais bien que les plus beaux paradis sont ceux qu’on a perdus.

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