Si certains sujets m’entrainent à prendre naturellement la plume pour écrire à leur propos, il n’en est rien en ce qui concerne la littérature. Étrange, me direz-vous, quand on sait que j’ai pourtant passé trois années à étudier les Lettres Modernes à la fac et donc à disserter à propos de livres divers et variés. Le fait est que j’éprouve des difficultés à mettre des mots sur des mots. À retranscrire avec justesse les sensations vécues au cours de mes lectures. Et il me semble que c’est parfois une question de pudeur : certaines expériences sont telles qu’on souhaite les garder précieusement pour soi.
Il y en a, tout de même, qui méritent bien d’être partagées. Je reviens donc ici aujourd’hui pour vous parler d’un roman qui m’a, comme qui dirait, touchée en plein coeur.
En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut
C’est un roman que l’on peine à résumer et que l’on ne doit surtout pas tenter de rationaliser tellement il se construit sur des chimères semblables à celles qui rythment la vie de la famille qu’il décrit. Une famille qui a réussi à édifier un petit monde merveilleux au milieu de la triste et morne réalité de la vie. Dans ce petit monde, le courrier n’est jamais ouvert, le champagne coule à flots à n’importe quelle heure de la journée, l’oiseau d’Afrique nommé Superfétatoire se pavane dans la maison comme bon lui semble. Chaque jour est une fête. Une fête rythmée par une musique : Mr. Bonjangles de Nina Simone. Cette chanson, c’est l’hymne à l’amour de cette fabuleuse famille. C’est le refrain qui accompagne continuellement cette folle existence.
Amour, folie et vie de famille
La mère en est d’ailleurs la cheffe d’orchestre. Elle est la figure centrale de l’histoire. Immédiatement, elle fascine et intrigue. Elle est merveilleuse et multiple. Elle est une femme et toutes les femmes à la fois. Son prénom, on ne le connait pas, elle en a un autre tous les jours. Tout ce qu’elle souhaite, c’est s’amuser, échapper à la réalité en devenant presqu’irréelle elle-même.
Cette existence extravagante, le père l’accepte et l’alimente. Parce que, lui aussi, s’ennuie de la triste réalité de la vie. Mais surtout parce qu’il est follement amoureux d’Elle. Il aime sa fantaisie, il aime sa folie. Il aime leur vie ainsi. Une vie merveilleuse, bâtie sur de fantastiques rêveries qui rendent le quotidien plus beau et plus joyeux.
Le fils, au milieu de tout ça, vit intensément la folie de ses parents. C’est à travers ses yeux à lui que l’on vit le roman alors, forcément, tout parait innocent. Douceur et légèreté de la vie qui se transforme avec violence lorsque l’auteur nous permet de s’immiscer dans les pensées et le vécu du père de temps à autre. Lui, malgré tout, garde les pieds sur terre, contrairement à Elle, rapidement submergée par sa propre folie.
C’est l’histoire d’un amour fou…
C’est un roman profondément touchant qui nous fait passer par toutes les émotions et tous les états en seulement 170 pages. Le lire, c’est s’embarquer à bord de montagnes russes. C’est avoir envie de vivre dans le monde fabuleux de cette famille qui n’est pas sans rappeler, par moment, l’univers fantasque décrit dans l’Écume des Jours de Boris Vian. C’est s’autoriser à lâcher prise et à se sentir emporté.e par la fantaisie, la folie et la beauté.
C’est un roman que l’on peine à résumer et que l’on ne doit surtout pas tenter de rationaliser. Mais si je devais le décrire en une phrase, je dirais simplement : c’est l’histoire d’un amour fou, qui vit au rythme d’une chanson de Nina Simone et qui nous entraine et nous fait perdre la tête, malgré nous.
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